A l’heure où une année se termine et une autre qui commence, nous sommes soumis ces dernières années à une mode, celle des statistiques: nous avons désormais la fâcheuse tendance à tout classer par ordre, nom, taille, date, lieux et j’en passe. Or comme nous dépendons, nous pêcheurs, de notre société, nous avons suivi cette évolution de société et nous nous y somme mis à tout référencer pour pouvoir en tirer partie.

C’est pourquoi à l’heure des bilans et autres objectifs, je me remémore mes débuts, moi vieux pêcheur du siècle dernier ayant eu la chance de pouvoir commencer au 20 ème siècle avec les prémices et les débuts de ce que l’on appelle désormais la pêche moderne de la carpe.

Je peux vous dire qu’il y en a eu de l’évolution et des idées des plus farfelus, changeantes, se diversifiant, s’opposant et même se contredisant d’année en année, mais si il y a bien une chose sur laquelle rien ne change et ceux depuis prêts de 30 ans, je veux bien entendu vous parler de distance de pêche.

Je me souviens de mes débuts courant 1994 où nous parlions, heu pardon échangions sans aucun tabou, sur des sujets tels que l’avènement de la bouillette, des cannes spécifiques (à mes bonnes vieilles sportex, « 3,60 et de 2.5 lbs, nostalgie quand tu nous tiens), des premiers moulinets grande contenance et surtout des premiers rod pod tel la star de l’époque le célèbre CARPO. Mais une chose revenez régulièrement sur le devant des conversations, les distances de pêches. Nous avons alors vu fleurir les expert du lancers méga distance cherchant à se perfectionner avec des techniques venant d’autres disciplines tels que le surf casting avec des noms de techniques particulières: lancer à la belge, la sud africaine, pendulaire et j’en oublie!!!!!

Étant depuis toujours un piètre lanceur, pour moi la barre des 100 mètres, reste mythique et atteignable que très rarement, pour beaucoup d’ailleurs, qui s’y croient capables. Il suffit de faire des tests sur un terrain de football pour s’en rendre compte, fin de l’aparté!!!!

Je me suis alors replonger dans les conseils de mon père qui aimait à me rappeler que la faune aquatique et par conséquence piscicole se tient en majorité dans les bordures. Je me suis alors mis à me documenter pour pouvoir contredire à l’époque les conseils paternels, l’insouciance de la jeunesse. Or il s’est avéré que de nombreux écrits et surtout observations stipulent que la vie aquatique d’un plan d’eau se trouve généralement dans les premiers mètres de la berge et que ceci suit une espèce de chaîne alimentaire régit depuis des générations.

arrivée d’eau….poste à exploiter en prioritéC’est ainsi que mis à notre échelle de pêcheur de carpe, il est somme toute logique d’exploiter en priorité ces zones de bordures voir même d’extrême bordure. C’est ainsi que je me suis spécialisé dans ces techniques de pêche. Après avoir observé depuis de nombreuses années les différents lieux où j’exerçais à ma passion: étang communal de mes débuts, gravières, sablières, canaux du Nord de mon enfance et surtout petite rivière sauvage. J’ai alors compris que le vie aquatique commence par les bordures et suit un protocole qui avec recul est tout simplement rempli bons sens.

Adieu shootage et autres méga distance!

Comme je vous le citai précédemment la vie de nos eaux se passent majoritairement en bordure voir même en extrême bordure. Un exemple: de nombreuse espèces trouvent refuge en bordure et surtout y trouve de quoi se nourrir en toute sécurité. La nature étant constituée de chaînes alimentaires, la carpe étant un poisson opportuniste et omnivore, elle a suivi cette manne de nourriture, lui offrant confort et alimentation. IL est d’ailleurs facile pour celui qui sait être discret d’observer ce cycle naturel de la vie qui veut que le plus gros mange le plus petit. Certes cette vision des choses peut paraître réductrice mais c’est bien ainsi que cela fonctionne.

On trouve en bordure de nombreux crustacés, mollusques, écrevisses, crevette d’eau douces, daphnies et autres zoo planctons, réagissant facilement au phénomène de photosynthèse qui les régit du fait d’une profondeur souvent faible. On y trouve également des endroits idéaux pour la reproduction d’autres espèces de poissons et autres batraciens venant y déposer leurs œufs au grand bonheur de nombreuses espèces. Qui n’a jamais vu d’éclosion de têtards et autres œufs de brèmes suivi de prêt par nos chers carpes, se gavant de cette abondance de protéines.

Matériel necessaire ….pas de superflu

C’est donc logique que je me suis mis à rechercher ces zones, me permettant de capturer de nombreux poissons alors que la majorité de mes collègues s’évertuaient à chercher la longue distance pour faire comme tout le monde enfin à l’époque.

Mais on aborde pas la pêche de bordure voir d’extrême bordure n’importe comment, ici du fait de la proximité immédiate du spot, tous les détails compte, sinon vous courrez direct à l’échec et donc au capot assuré!

En indien, tu te comporteras….

Il est bon de rappeler qu’ici votre spot de pêche se trouve à une distance compris entre 0 et 40 mètres maximum et qu’il est donc logique d’observer quelques règles de base afin de ne pas courir à l’échec avant même d’avoir mis une seule canne à l’eau.

Personnellement je commence à pêcher à partir du moment où j’ai mis les affaires dans la voiture, voir même avant puisque je suis un adepte des phases de repérages, sondages( cannes marker , voir perche pour gratter le fond) et d’ observations (les balades familiales peuvent servir d’excuse!!!!)

C’est pourquoi si arrivez sur votre lieu de pêche, en faisant ronfler le moteur, auto radio à fond et surtout portières qui claquent. Si si je vous assure je l’ai déjà vécu et pourtant ils étaient à environ 200 mètres de mon poste……Vous pouvez ranger et vous allez effectuer une bonne séance de camping …au calme!

Si j’ai la possibilité de laisser la voiture à l’entrée du lieux, je le fait, préférant utiliser ma brouette pour le transport du matériel. En plus cela vous fera une séance de sport gratuite.

Nous voilà sur le poste de pêche en tout quiétude mais ce n’est pas fini, j’essaie de marcher tranquillement, j’évite de parler fortement et surtout j’évite les gestes brusques car je reste persuader que cela influe sur le bon déroulement de votre session. Il suffit de voir comment les volatiles explosent à la surface de l’eau quand vous vous en approchez, pour moi cela influe sur ce qui se passe sous la surface, mettant en alerte la faune aquatique. D’ailleurs les foulques et autres canards sont un bon test , si vous arrivez à vous en approcher sans les faire fuir violemment, vous êtes sur la bonne voie.

Des vêtements neutres suffisent!!!Concernant l’installation, ici il faudra être sur la même longueur d’onde que le reste, pas de marteau et autres maillets en caoutchouc pour planter les piques et autres sardines de l’abri. N’oubliez que les vibrations engendrées se propagent plus facilement dans le milieu aqueux. Votre poids du corps suffira amplement pour réussir à enfoncer piques et sardines. Pensez également à mettre en retrait votre abri et surtout les cannes. IL ne faut pas oublier que tout le concentré de vie, dont les carpes font partie, se trouvent sous votre nez et que la moindre chose changeant le décor ambiant , peut être assimilé à une source de danger donc de fuite.

Vous êtes installés mais êtes vous bien habillés? Pas de besoin de virer dans le para militaire à outrance mais il est quand même de conseil d’éviter de porter des vêtements aux couleurs criardes. Des vêtements aux couleurs neutres peuvent faire largement l’affaire.

Et si on parlait localisation?

La pêche de bordure est des plus existantes à celui qui’ s’y frotte mais ne peut se pratiquer partout et surtout n’importe comment.

Tous d’abord, je vais vous parler de ma propre expérience, étant un aficionados des petites eaux sauvages de ma Normandie d’adoption. On y trouve de nombreuse gravières , darses et autres sablières ayant repris leur quartiers sauvages après une exploitation intensive de l’être humain.

La végétation a regagné du terrain, les arbres et autres arbustes ont de nouveau colonisé les berges de ces havres, redevenus de Paix. Ayant pour conséquence, la multiplication et la renaissance des espèces. Entraînant de nouveau un cycle de la vie et nous livrant de nouveau les trésors enfouis au plus profonds de ces eaux.

Une de mes plus belles prise à seulemnt 2 mètre du bord !!!

Il suffit de se balader, par exemple avec la famille, pour découvrir lunettes polarisantes visées au nez, des futures postes. Tous arbres surplombant l’eau, bois morts et autres arrivées d’eau seront à prospecter en priorité. Tout ce qui contraste avec la berge, casse l’uniformité des lieux est à approfondir. Ici la pêche commence d’abord en surface avant de découvrir les secrets des eaux à l’aide de votre marquer sondeur et autres perches de sondage.

Il m’arrive souvent wadders au pieds de retourner des pierres afin de découvrir la nourriture naturelles: crevettes d’eau douces, escargot d’eaux et autres invertébrés sont souvent accrochés au divers supports. Autre habitant et souverain des lieux: l’écrevisse et nous savons tout aujourd’hui l’équation eau+ écrevisse= carpe…..CQFD

D’ailleurs ces lieux sont à prospecter en toute saison, car ces zones peuvent devenir de tenues ou de repos selon les différents moments de l’année voir même de la journée. Un exemple, je pêche un plan d’eau où se trouve un arbre fruitier sur un poste prometteur, il y a toujours du poisson la dessous et peu importe la saison, en été il s’agit d’une zone de repos et de sécurité où le poisson cherche la fraîcheur tandis qu’à l’automne il s’agit d’un zone d’ alimention, les carpes se nourrissant des baies tombant depuis les branches affleurant la surface.

Si il y a bien un lieu ou la pêche en bordure est de mise, il s’agit de la rivière.

Quelle soit de petit gabarit tel la LYS de mon enfance où encore la Seine ou l’ Eure de ma Normandie actuelle. La vie piscicole s’y concentre majoritairement en bordure et ce pour la bonne raison de la présence d’un courant plus ou moins soutenu forçant les poissons à puiser dans leur réserve afin de se nourrir. La nourriture présente sur les bordures où tombant de celle ci offre une opportunité pour nos chers cyprins.

Ici tout ce qui peut casser le courant, les virages et autres zones d’amorties (piles de pont et autres péniches amarrées) sont à prospecter, vous trouverez à coup sur des poissons en activités.

Un autre lieux m’ayant donné des résultats réguliers, les arrivées d’eau entre 2 rivières, le mélange des 2 eaux offrant une affluence d’alluvions rassemblent toujours des poissons en maraudes. Les pêcher peut se révéler destructeur surtout pour vos petits avant bras, les carpes de rivières étant surpuissantes.

Toutes ces zones sont susceptibles de vous offrir une prise si vous adoptez le bon comportement et surtout si vous vous donnez la peine d’y pêcher sérieusement!!!!

Maintenant parlons …. techniques!

Afin de mettre toutes les chances de sont côté, la technique a employé se doit d’être irréprochable (comme toujours d’ailleurs). La moindre erreur peut vous être fatale du fait de la proximité extrême.

Nous sommes en contact direct avec notre prise, les lignes se devront d’être discrètes et surtout solides, l’emploie de back leads est fortement conseillé. La pêche fils détendues nous rend également de nombreux services. Elle évite les vibrations nuisibles surtout à faible distances et surtout permet d’épouser les moindres détails du fond, avec un corps de ligne en fluorocarbonne, c’est encore mieux.

J’aime également utiliser des plombs de faible grammages, 70 grs étant ma préférence, afin de réduire l’impact de celui ci à surface.

L’emploie de bateau amorceur peut être un bon allié, puisque vous aurez la possibilité de déposer votre montage et surtout votre amorçage en même temps et avec précision. Vous pouvez même déposer à l’aide de votre bait boat sous les branches, chose impossible au lancer.

Précision le mot est lancé, ici c’est l’ arme qui vous faudra utiliser et surtout abuser. Plus vous serez précis dans vos gestes et façon de faire,plus vos chances de réussite seront décuplées.

commune et combat rapproché

Niveau montage, j’aime à utiliser le bon vieux running rig qui consiste à laisser le plomb coulissant sur le corps de ligne. Sa mécanique se prête à merveille lors des pêches de bordure voir d’extrême bordure.

Si vous associez le tout avec un bas de ligne en fluoro carbone ou avec une tresse gaînée de la même couleur que le substrat présent. Vous commencerez à apercevoir les prémices d’un départ imminent.

Un autre ustensile qui ne quitte plus mon sac de pêche: la pelle d’amorçage. Que ce soit pour placer votre montage et son amorce en toute discrétion ou que ce soit pour l’amorçage, c’est l’outil de référence pour la pêche de bordure.

La pêche de bordure permet l’emploie d’esche fragile au lancer, tel que l’ indétrônable maïs doux et autres graines. D’ailleurs je me permets de vous donner un conseil, si vous voulez exploiter la célèbre berge d’en face. Je jette mon montage juste équipé de mon plomb sur la berge et je fais ensuite le tour avec ma pelle, mon seau d’appâts et le bas de ligne. Je dépose ainsi avec précision le montage et son amorce. Diabolique d’efficacité et surtout de discrétion.

Préparation des graines , armes idéales pour la pêche en extrême bordure

Par contre il est bon de rappeler quelques règles de sécurité notamment pour le poisson, les postes de pêche peuvent être très attirants notamment les nombreux bois morts jonchant certaines bordures. Certes il s’agit de poste de premier choix mais la pêche de ces derniers ne s’improvisent pas, la vie des carpes en dépend.

Par contre cette technique n’est pas à l’employer n’ importe où, si le poste est trop encombré, pêcher frein serré et restez au cul des cannes. Nous connaissons tous désormais l’ élasticité des nylons même pour les plus raides. IL serait dommage de perdre des poissons en lui laissant une laisse, ce qui provoquerait des ravages sur nos chers cyprins. Parfois s’abstenir de pêcher, du fait de l’ encombrement excessif du poste, est préférable. Prenez alors votre appareil photo ou vidéo, vous ne serez pas déçu de ces observations. Personnellement je sais que cela va me servir pour la suite, c’est aussi cela la pêche!!!

Si vous voulez quand même les pêcher, il vous faudra revoir vos montages. De nombreux écrits démontrent que lors d’un accrochage, c’est dans la majorité des cas le plomb qui reste coincé. C’est pourquoi des montages tels le drop-Off ont vu le jour, nous permettant de perdre de le plomb, ce qui aura pour conséquence de faire monter le poisson en surface. Vous perdez donc un plomb à chaque touche mais pas le poisson.

D’un point de vue éthique, c’est correct mais d’un point de vue écologique, on a vu mieux. Certes je préfère perdre un plomb mais si je peux allier éthique et écologique, c’est encore mieux.

C’est pourquoi le montage cailloux prend alors toute sa mesure dans ce contexte. IL consiste à remplacer le plomb par une pierre. Écologique et éthique ensemble, parfait!

Cette technique n’est possible qu’en cas de dépose en bateau ou alors comme je vous l’ai déjà cité plus haut en conseil. Je fouette le montage avec le plomb sur la berge d’en face à l’exception que je remplace celui par un cailloux.

Astuce: Je récolte mes cailloux lors des sorties familiales au bord de mer, Dieppe étant une station balnéaire parfaite pour la récolte de pierre. Je vous l’accorde, c’est normalement interdit mais en toute discrétion, un sceau d’enfant est très vite rempli et vous permet de pêcher pendant quelques mois. ON associe alors l’utile à l’agréable.

Quant aux morceaux de chambre à air servant à emprisonner les cailloux, direction votre décathlon, rayon vélo, ils se feront une joie de vous donner les vieilles chambres à air….gratuitement!!!!!!!

Une autre astuce: J’ai un ami qui m’a converti à la dépose en wadders, il n’hésite pas à longer la bordure wadders aux pieds, cannes en main , à la limite de corps, il dépose ainsi à vue et ceux en toute discrétion. En utilisant des polarisantes, il arrive à voir son montage et ce qui l’entoure. De plus en abusant des flocons solubles, il attend que ces derniers remontent pour déposer avec précision son amorçage.

J’ai d’ailleurs ma théorie sur la dépose en wadders, en marchant dans l’eau , vous soulevez des particules en tout genre, troublant ainsi l’eau. Je reste persuader que ce phénomène fait fuir les poissons dans un premier temps pour les voir rappliquer rapidement et profiter de cette aubaine.

Vous êtes désormais en possession des armes afin de pratiquer la pêche en bordure voir extrême bordure. Essayez de varier votre approche et de quitter l’idée comme quoi la méga distance est l’arme absolue. Vous verrez vous redécouvrirez les secrets de certains lieux et surtout vous capturerez de nouveau des poissons qui avaient délaissé les zones de pêche. Je vous le répète: des secrets se cachent dans vos bottes, il seraient dommage de passer à côté afin de faire comme tout le monde. Enfin moi mon choix est fait, bordure quand tu nous tiens!